ÉCURIE ACTIVE : 7 RAISONS D’Y PENSER POUR LE BIEN-ÊTRE DU CHEVAL
Le terme écurie active désigne un mode d’hébergement pensé pour remettre le cheval au centre de ses besoins biologiques et sociaux. Inspiré du mode de vie naturel, ce concept propose aux équidés un accès permanent à du fourrage, des déplacements libres entre zones fonctionnelles et la vie en troupeau, afin de répondre aux 3 F : food (nourriture), friends (vivre en groupe) et freedom (liberté de mouvement). Dans cet article, je détaille l’historique, les apports pour le cheval et pour le gestionnaire, les limites et points de vigilance (sécurité, sols, gestion des troupeaux) et je propose des recommandations pratiques pour une transition progressive. Le but est uniquement de vous présenter ce mode de pension innovante, qui prend de plus en plus d’ampleur en France. A noté qu’il est différent des pensions prés classique, car l’écurie active doit répondre à des normes précises.
Qu’est-ce qu’une écurie active ? (définition et origine) :
C’est un hébergement collectif et aménagé où les chevaux vivent en troupeau, disposent d’un accès continu à du foin ou fourrage, se déplacent librement entre des zones (aires d’alimentation, points d’abreuvement, aires de repos, dortoirs) et où la gestion des activités est organisée autour d’un DAC (distributeur automatique d’aliments). L’ambition est de reproduire, autant que possible, les conditions naturelles : recherche constante de nourriture, déplacements réguliers et interactions sociales. Le concept est né d’une prise de conscience du rôle délétère du confinement en boxes sur la santé physique et mentale des équidés, et s’est développé progressivement via des échanges entre praticiens, bureaux d’études et instituts techniques.
Les principes de base
Vie à plusieurs et intégration sociale.
Circulation libre entre zones fonctionnelles (zones de nourrissage, espaces de repos, paddock de roulade).
Alimentation adaptée : petites rations fréquentes, accès au foin en continu, distribution automatisée.
Sols et aménagements pensés pour limiter la boue (zones stabilisées et drainées) et diversifier les types de sols (sable, herbe, terre, copeaux). Ces éléments permettent au cheval de retrouver un comportement proche du naturel et d’améliorer son état général.
Historique et diffusion en France
Le concept s’est diffusé en France au cours de la dernière décennie : d’abord porté par des professionnels de l’éthologie, des bureaux d’études spécialisés et quelques réalisations pilotes, il est aujourd’hui promu par des acteurs techniques (IFCE, labels qualité) et des bureaux d’études dédiés. L’IFCE et d’autres publications techniques ont documenté les différents modes d’hébergement et évalué le bien-être des chevaux dans ces écuries comparativement à d’autres solutions. Le développement reste toutefois marginal à l’échelle nationale, avec des projets en cours mais pas encore de généralisation massive.
Avantages :
Pour le cheval
Santé physique et digestion
La distribution continue de petites rations de foin ou compléments respecte la physiologie digestive du cheval (prévention ulcères, coliques liées à de longues périodes sans fourrage). L’accès quasiment permanent au fourrage et la mobilité réduisent les problèmes métaboliques et favorisent un meilleur état corporel.
Comportement et bien-être mental
Vivre en troupeau permet l’expression des comportements sociaux naturels (alliances, distances sociales, jeux). Le cheval dépense son énergie naturellement via la marche et la recherche de nourriture, ce qui tend à diminuer les stéréotypies observées en box. Des indicateurs mesurés sur le terrain montrent des niveaux améliorés pour plusieurs critères quand l’écurie est correctement conçue.
Confort physique
Des sols adaptés — zones stabilisées, substrat drainant dans les zones de passage et paddock plus souples dans les lieux de repos — protègent les articulations et contribuent à la santé locomotrice. L’aménagement des aires de repos (dortoirs) est essentiel pour que le cheval puisse se coucher et se relever sans stress.
Pour le gestionnaire / propriétaire
Réduction du temps et de la pénibilité des tâches (moins de curage de boxes, moins de manipulation individuelle des chevaux).
Meilleure gestion de la pension : Ce type d’écurie peut faciliter la gestion collective des chevaux, diminuer certains coûts vétérinaires liés au confinement et améliorer la longévité d’utilisation des chevaux.
Attrait commercial pour une pension « orientée bien-être » : de plus en plus de propriétaires cherchent des solutions qui respectent les besoins physiologiques du cheval.

Limites et points de vigilance
Sécurité et gestion des troupeaux
Vivre ensemble pour les équidés nécessite une vigilance particulière sur l’intégration des nouveaux chevaux (phases d’observation, périodes d’adaptation, isolement progressif si nécessaire). Les conflits sociaux peuvent survenir ; il faut prévoir des issues, des zones de retrait et des points d’accès sécurisés. La gestion des équidés (composition par âge, sexe, niveau sportif) est un enjeu majeur pour prévenir les blessures et le stress.
Alimentation et contrôle des rations
Assurer une nourriture individualisée peut être plus complexe : l’utilisation de râteliers protégés, de distributeurs programmés ou de parcours de distribution peut aider, mais demande une ingénierie alimentaire précise (rations, foin, compléments). Attention aux chevaux ayant des recommandations spécifiques (poulains, chevaux au travail, chevaux obèses, SME).
Sols et entretien
Les espaces doivent être pensés pour supporter le trafic (zones stabilisées, drainage), limiter la boue et préserver les sabots. L’entretien reste essentiel : curage des zones d’abreuvement, contrôle de la qualité du fourrage, surveillance des points d’usure.
Contraintes réglementaires et responsabilités
La répartition des responsabilités (propriétaire, gestionnaire) et le respect des règles de sécurité et d’hygiène doivent être clarifiés contractuellement, notamment dans le cas d’une pension collective.
Recommandations pratiques pour une transition réussie:
1. Diagnostiquer le projet
Faire un état des lieux (sols, installations, profils des chevaux, objectifs de la structure) et consulter des retours d’expérience ou un bureau d’étude expert.
2. Commencer par un groupe pilote
Transformer une partie du site en écurie active pour 6–12 chevaux afin de tester le fonctionnement (zones, râteliers, accès à l’eau, distribution de foin) et ajuster avant une généralisation.
3. Penser les zones (zones de repas, dortoir, parcours)
Définir des zones claires : aires de distribution de foin (râteliers protégés), points d’abreuvement multiples, dortoirs abrités et aires de roulade. Veiller à des sols adaptés et à des chemins de circulation logiques.
4. Gérer l’alimentation individuellement quand c’est nécessaire
Installer des râteliers limitant la compétition, utiliser des distributeurs ou systèmes à puce pour garantir des rations adaptées ou des régimes spéciaux.
5. Former le personnel et informer les propriétaires
Expliquer les changements, organiser des temps d’observation et se former aux notions de comportement de troupeau et d’intégration si besoin.
6. Mesurer et ajuster
Mettre en place des indicateurs (état corporel, blessures, consommation de foin, comportements stéréotypés) et ajuster l’aménagement et la gestion en conséquence. Il y a déjà plusieurs réalisations en France (ex. écurie active du Jas, Domaine de Nabou) qui proposent des installations adaptées aux besoins physiologiques des chevaux et aux exigences des propriétaires. Ces cas montrent l’intérêt pour ces types de pensions, il en existent pas mal d’autres.
Des bureaux d’études spécialisés dans l’ingénierie d’écuries actives, propose des études préalables et des aménagements sur mesure pour chevaux de club ou de sport. Ces retours terrain sont utiles pour dimensionner les installations.
l’IFCE a également documenté les écuries actives et a mené des évaluations comparatives sur le bien-être (protocole AWIN adapté), utile pour appuyer des arguments chiffrés sur les bénéfices mesurés.
Elle a réalisé une évaluation terrain, de 2016 à 2019 : 376 chevaux évalués sur différents types de structures ; utilisation d’une version modifiée du protocole AWIN Horse pour comparer bien-être en box, en pré, en écurie active et en logement sur pistes. Les résultats montrent des différences pertinentes en faveur des structures respectant davantage les comportements naturels.
Sources de l’article et données supplémentaires :
CONCLUSION
L’écurie active est un concept qui répond de manière cohérente aux besoins fondamentaux des chevaux — alimentation continue, liberté de mouvement et vie sociale — et qui offre des bénéfices tangibles pour le respect équin et pour la gestion humaine. La transition demande une réflexion technique (sols, zones, distribution), un pilotage de l’intégration des équidés et des aménagements adaptés. Bien conduite, elle constitue une voie crédible pour rapprocher l’hébergement des chevaux de leurs besoins physiologiques.
Attention ! un gérant de « pension pré » classique ne peut pas se revendiquer écurie active, il doit répondre à certains critères précis du cahier des charges. Ne vous faites donc pas avoir. Actuellement une pension dans une écurie active aura un coût mensuel plus élevé du fait de l’investissement élevé pour les installations. Mais l’investissement vaut le coup, car un cheval en bonne santé c’est moins de frais vétérinaire et une longévité assurée !

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